Diplomatie Maritime Africaine : Une Stratégie de Coopération Gagnant-Gagnant pour un Développement Durable

Introduction : La Diplomatie Maritime : Une Priorité pour l’Afrique

L’Afrique, riche de ses ressources naturelles et d’opportunités économiques du fait de sa position géostratégique, pourrait devenir un acteur majeur du commerce international maritime tant l’enjeu est conséquent mais n’incarne encore que 3 % du trafic maritime mondial au moment où elle devrait chaque jour faire face à des défis historiques, économiques, structurels…

Le Maroc apparaît en ligne de mire des pays med et sub-sahariens, leader de la diplomatie maritime africaine en favorisant des actions et pratiques de rapprochements maritimes (commerce intra-africain, infrastructures portuaires, etc.).

Le développement de la coopération maritime des pays africains en matière de coordination économique bilatérale ou multilatérale devrait permettre quant à elle, de construire une économie maritime durable, promesse de millions d’emplois directs et indirects d’ici 2030. Le Maroc, à travers ses ports comme Tanger Med ou encore Dakhla, serait un acteur stratégique devant privilégier une diversification économique tournée vers l’Afrique et l’Europe.

1. La Diplomatie Maritime Marocaine : Un Pont entre l’Afrique et l’Europe

Le Maroc est activement engagé car il n’a pas d’autres alternatives, car le Maroc de l’Afrique est le leader de la diplomatie maritime africaine désignant un acteur stratégique, sur la base d’un patrimoine maritime et d’une position géographique centrale, sur la base d’une stratégie gagnant-gagnant, qui consiste non pas tant à voir des routes entre l’Europe et l’Afrique, mais à établir des alliances régionales et à développer dans la durabilité chacun des routes maritimes.

Port de Tanger Med : Le lieu maritime de Tanger Med constitue l’image de marque de la posture dynamique de notre diplomatie maritime, contribuant dans une logique gagnant-gagnant à asseoir les échanges commerciaux du Royaume avec l’Europe tout en devenant la porte d’entrée de nombreux investisseurs européens vers les marchés d’Afrique. Grâce à cette infrastructure capable d’accueillir jusqu’à 9 millions de conteneurs chaque année, Tanger Med favorise le transit logistique et offre une alternative à la réduction des coûts du transport maritime permettant ainsi aux produits africains d’être plus compétitifs sur le marché mondial.

Le Nouveau Port de Dakhla Atlantique : Le port de Dakhla en projet représente l’ouverture du Maroc vers l’Afrique subsaharienne et permettra d’encourager et de promouvoir les échanges intra-africains et d’intensifier la coopération sud-sud, notamment en facilitant l’acheminement des produits transformés et industrialisés de la région vers les marchés internationaux, de sorte que Dakhla s’affirme progressivement comme un maillon phare des chaînes exportatrices africaines.

2. La sécurisation des routes maritimes africaines : un enjeu stratégique pour le développement économique

Dans ce contexte, la sécurisation de ces routes maritimes est d’une importance déterminante pour l’avenir économique de l’Afrique, y compris pour le commerce intra-africain et les échanges internationaux. Ces routes sont exposées à diverses menaces, telles que la piraterie, le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains, et d’autres formes de criminalité organisée, ainsi que les multiples instabilités régionales.

En réponse à ces menaces et en reconnaissant leur importance stratégique, les États africains, notamment le Maroc, multiplient leurs efforts pour renforcer la surveillance des espaces maritimes.

Par exemple, les infrastructures portuaires modernes du Maroc, comme le port de Tanger, permettent de créer des couloirs sûrs reliant l’Afrique à l’Europe et au monde entier. En outre, Tanger Med, supervise le transport des marchandises et aide à normaliser le commerce, en sécurisant à la fois les approvisionnements et les passagers. De même, la coordination régionale en partenariat avec l’Union africaine est une autre variable clef. Grâce à cette configuration, des stratégies communes peuvent être mises en place pour parcourir et protéger ces routes. Avec un fort contrôle sur la sécurité maritime et une coopération étroite en matière de régénération, l’Afrique, en plus de sécuriser les flux, peut également consolider sa position à l’échelle planétaire dans le commerce maritime.

3. Héritage Historique et Coopération Maritime : Des Racines Anciennes pour des Alliances Modernes

La riche et complexe histoire du commerce maritime africain trouve ici son héritage au coeur des anciennes routes transsahariennes ou des grandes expéditions maritimes des grands empires africains et peut se fonder sur le fort patrimoine maritime et portuaire dont le Maroc peut aujourd’hui se prévaloir, aux deux niveaux de l’investissement, de l’expertise tant technique que managériale, dans la conjoncture de la coopération maritime moderne.

Héritage maritime et coopération régionale : L’histoire des relations entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne s’inscrit dans une logique de partenariat commercial et culturel, notamment au sein des alliances maritimes actuelles. Les projets contemporains de coopération sont axés sur la sécurisation des routes maritimes, la lutte contre la piraterie et la mise en place de corridors logistiques sûrs et performants.

Organes africains porteurs d’avenir du secteur maritime : La création d’organes régionaux de promotion de l’industrialisation et de renforcement qui accompagne le développement des capacités logistiques est d’une importance capitale pour le devenir du secteur maritime africain. Le Maroc adhère à plusieurs accords de partenariat avec l’Union africaine en vue de donner corps à cette volonté de coopération régionale.

L’objectif à l’horizon 2030 est de créer 20 millions d’emplois directs et indirects dans le secteur maritime en misant sur l’industrialisation, la transformation sur place des matières premières et l’investissement dans les infrastructures portuaires.

4. Diversification économique : le secteur maritime au cœur du projet marocain

Dans le cadre de sa stratégie de diversification économique, le Maroc fait du secteur maritime un axe de croissance. Les ports marocains ne sont pas seulement des points de transit pour les matières premières mais ils sont aussi des centres d’industrialisation où les produits africains sont transformés avant d’être exportés.

La revalorisation des matières premières : L’Afrique continue d’exporter essentiellement des matières premières (brutes). Le Maroc, à travers ses zones franches industrielles, stimule les investissements en localisant la transformation de ces matières premières, au bénéfice de la création de valeur ajoutée. Cette approche contribue à réduire les coûts de transport et participe à la création d’emploi local.

L’industrialisation promotionnée : Le Maroc a réalisé d’importants investissements dans des projets industriels dans les filières automobile, aéronautique, et phosphates. L’objectif étant d’attirer des investissements en provenance d’Afrique continentale et d’ailleurs, pour une industrialisation des produits exportés visant à améliorer la compétitivité des produits africains sur le marché mondial.

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) du Maroc : En 2023, les zones franches du Maroc, ont permis d’augmenter de plus de 17 % des exportations industrielles du pays, tandis que l’objectif est de parvenir à 23 % d’ici 2030.

5. Le Commerce Intra-Africain et les Alliances Régionales : Une Redéfinition

Le développement du commerce intra-africain est essentiel notamment au travers de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). A cette fin, la suppression de toutes les barrières tarifaires et autres est envisagée afin de stimuler la libre circulation des biens entre les Etats Africains, facteur de croissance et d’autonomie face aux marchés extérieurs.

La ZLECA et les corridors maritimes : La mise en oeuvre de la ZLECA a permis de créer de nouveaux corridors maritimes, pour faciliter le transport des biens au départ et à destination des ports africains. Le Maroc, en tant que pôle logistique majeur, joue un rôle clé dans les échanges interrégionaux, ce qui a des effets significatifs en matière de fluidité et d’efficacité pour les échanges commerciaux. ».

Diversification des partenaires commerciaux : Tout en développant ses relations avec ses partenaires européens, le Maroc a en même temps pensé à diversifier ses alliances internationales. La diplomatie maritime marocaine a permis entre autres de signer des accords avec un certain nombre de pays africains en vue de développer des projets communs en infrastructure portuaire et programmes de formation.

6. Diplomatie Maritime et Développement Durable : Une Approche Intégrée

Le Maroc a adopté une stratégie de diplomatie maritime durable, centrée sur la protection de l’environnement marin et le développement d’une économie bleue. Ce modèle intègre la gestion des ressources naturelles et le commerce maritime.

Protection de l’environnement marin : Les accords internationaux que le Maroc a ratifiés s’engagent à préserver les écosystèmes marins. Le pays met tout en œuvre pour diminuer l’impact environnemental de ses activités maritimes, tout en soutenant une économie bleue durable qui profite aux communautés locales.

Énergies renouvelables et projets offshore : Le Maroc investit également dans les énergies renouvelables maritimes, notamment l’éolien et la marémotrice. Ces initiatives visent à diversifier l’économie maritime tout en répondant aux défis posés par le changement climatique.

Conclusion : Une Diplomatie Maritime pour l’Avenir de l’Afrique

Grâce à sa diplomatie maritime et à ses infrastructures portuaires performantes, le Maroc se distingue comme un acteur clé dans le développement du commerce intra-africain et international. En facilitant la valorisation des matières premières, en établissant des partenariats stratégiques et en s’engageant pour un développement durable, le Maroc pave le chemin vers une Afrique plus intégrée, prospère et préparée à affronter les enjeux du commerce mondial.

De plus, des estimations de la Banque mondiale suggèrent que la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECA) pourrait accroître le commerce intra-africain de 33 % d’ici 2030, renforçant ainsi l’intégration économique du continent.

HASSANI MOHAMMED 
Expert en Sécurité Globale et Prévention Maritime,
Consultant en QHSE et Sécurité Professionnelle,
Spécialiste en Sureté des Installations Portuaires et Analyse des Risques Environnementaux
MAROC