« Comme pour toutes les marines du monde, la coordination reste un point crucial et le garant d’une opération réussie. », le capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant à propos de la mission Corymbe
Bonjour, je suis le capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant, commandant le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre.
En quoi consiste la mission Corymbe, dans le golfe de Guinée ?
La mission Corymbe est une mission française, quasi-permanente depuis 30 ans, qui comporte deux volets principaux : le premier consiste à venir en appui des marines riveraines du golfe de Guinée à travers le processus de Yaoundé, le second volet vise à protéger les différents groupes industriels français qui travaillent dans la zone.
Parlez-nous un peu des différentes actions de coopération que vous avez entreprises avec les marines des pays du golfe de Guinée ;
Nous avons interagi avec de nombreuses marines. Pour reprendre le déroulement de notre patrouille, nous avons interagi avec la marine sénégalaise, la marine ivoirienne, béninoise, togolaise, nigériane et gabonaise. Nous avons également travaillé avec le CMC (Centre Multinational de Coordination) de Douala qui coordonnait plusieurs marines dans la zone pour des actions de protection maritime contre la piraterie, le brigandage et la pêche illicite. Nous avons également pour habitude de rencontrer les autorités politiques et militaires des pays dans lesquels nous faisons escale. Etant donné la situation sanitaire actuelle, cela n’a bien sûr pas été possible. Nous avons donc conduit des rencontres par Visio téléconférence avec les états-majors de la marine des pays au large desquels nous naviguions : nombre d’entre eux ont répondu présents. Ces entretiens ont été très fructueux, puisqu’ils ont permis de partager nos appréciations de situation sur l’adaptation de la menace et puis d’entretenir nos contacts qui maintenant s’inscrivent dans la durée.
Comment se déroule la coopération avec les marines des pays du golfe de Guinée ?
La coopération avec les marines des pays du golfe de Guinée est multiple. Premièrement, des entraînements conjoints, menés à leur profit comme au nôtre, tels que des plongées, des exercices d’hélitreuillage sur leur patrouilleur et deuxièmement, des exercices tactiques de localisation et d’intervention sur des bâtiments commettant des actes de piraterie ou de pêche illicite.
Nous avons conduit des patrouilles opérationnelles conjointes avec les marines qui ont répondu à nos invitations lorsque nous étions en patrouille devant chez eux, et d’ailleurs l’essentiel l’ont fait. Ce sont des patrouilles très concrète où l’on vient se répartir des secteurs de patrouille puis travailler sur des cibles qui sont définies par les marines avec lesquelles nous patrouillons. Ainsi, nous sommes en mesure de repérer des bâtiments qui sont susceptibles d’être en situation de pêche illicite, ou de repositionner des bâtiments qui sont susceptibles soit d’avoir été piratés, soit de servir de bâtiment base pour des pirates.
Nous avons également effectué des vols opérationnels à leur profit. Nous avions à bord pour la mission un hélicoptère aux qualités remarquables : le Caïman marine, qui est capable de détecter et de collecter du renseignement longue distance et d’être projeté à plus de 100 nautiques du bâtiment. Nous l’avons projeté dans les zones indiquées par les marines locales, des zones dans lesquelles elles souhaitaient que nous allions recueillir du renseignement.
Selon vous, ces différents exercices effectués avec les marines des pays du golfe de Guinée permettraient-ils de lutter efficacement contre la piraterie dans le golfe de Guinée, ou faudrait-il entreprendre d’autres actions ? Si oui, lesquelles ?
Les différents exercices que nous avons menés avec les marines du golfe de Guinée nous ont permis de constater qu’elles avaient les capacités d’intervention pour assurer la protection de leur espace maritime. Comme pour toutes les marines du monde, la coordination reste un point crucial et le garant d’une opération réussie. Nous ne cesserons jamais de nous entraîner pour l’améliorer.