La lutte contre la piraterie maritime à travers des mécanismes juridiques et institutionnels renforcés : le Magistrat Marc GBEGNIDE analyse et expose les limites des textes juridiques existants et apporte par la suite plusieurs recommandations
Le magistrat Marc GBEGNIDE a lancé, le samedi 5 novembre 2025, au Bénin Royal Hôtel, en présence de plusieurs personnalités, son premier ouvrage intitulé « Cadre juridique et institutionnel de lutte contre la piraterie maritime dans le golfe de Guinée à l’épreuve du temps : Analyses et perspectives ». Composé de plus de 200 pages, cet ouvrage aborde les limites des réponses apportées par les différents instruments juridiques dans la lutte contre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée avant de dégager des pistes de solutions pour éradiquer ce fléau des espaces maritimes de la région.
Présentation de l’ouvrage par le Dr Hyacinthe GOUNTONDE
A la suite d’une brève description de la bibliographie de l’auteur, le présentateur a énoncé les principaux objectifs de l’ouvrage qui sont l’analyse et l’identification des dispositifs juridiques, de leurs limites, ainsi que la proposition de solutions pour une meilleure efficacité dans la lutte contre la piraterie maritime dans cette région stratégique.
L’analyse repose alors sur une étude pluridisciplinaire mobilisant à la fois le droit international, le droit maritime et les sciences politiques pour analyser de façon concrète les limites des cadres existants et proposer des perspectives d’évolution.
L’auteur a organisé ses recherches autour de deux questions principales
La première : Dans quelle mesure le cadre juridique et institutionnel en vigueur permet-il de lutter efficacement contre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée ?
La deuxième : Quels ajustements ou réformes sont nécessaires pour renforcer la coopération et l’efficacité des dispositifs de lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée ?
La réponse à ces 2 questions a été organisée à travers deux axes principaux :
En première partie, il a fait l’analyse des cadres juridiques et institutionnels et à cet effet, la convention des nations unies sur le droit de la mer, les résolutions du conseil de sécurité et leur impact ont été étudiés. Au niveau régional, l’analyse du code de conduite de Yaoundé de 2013, les initiatives de la CEDEAO et de l’union africaine, ont également été passée en revue.
L’auteur met en évidence les limites de ces dispositifs, notamment l’insuffisance de la coordination interétatique et le manque de moyens. Il a cependant mis en lumière les efforts fournis par certains Etats pour lutter contre la piraterie maritime, notamment au Bénin, par exemple.
L’auteur a insisté sur le traitement de la piraterie par la CRIET (Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme), ce qui constitue un signe fort en faveur de la promotion de l’économie bleue. De plus, le Benin est le seul pays de l’Afrique de l’Ouest à mettre en place récemment un système de surveillance et de sécurisation de sa côte.
Dans la deuxième partie, il a évoqué les perspectives et les propositions d’amélioration. Au niveau des perspectives, l’auteur a proposé :
- le renforcement des législations nationales,
- l’amélioration de la coopération internationale,
- le renforcement des capacités de surveillance maritime,
- et la création d’un fonds régional pour financer la lutte contre la piraterie maritime.
« C’est un ouvrage qui s’adresse à la fois aux chercheurs, universités, leaders politiques, élites et professionnels du secteur maritime souhaitant mieux comprendre les dangers liés à la piraterie maritime et explorer des perspectives d’amélioration pour une lutte plus efficace. »
Les motivations de l’auteur
À la suite de la présentation, le magistrat Marc GBEGNIDE, après avoir salué ses invités, a d’abord retracé l’histoire de la piraterie maritime et a ensuite évoqué les raisons qui l’ont poussé à la rédaction de cet ouvrage, qui doit servir de guide pour une lutte efficace contre ce fléau. Deux raisons fondamentales ont été évoquées :
- l’importance économique du commerce maritime mondial, qu’il estime à 90 %, et les coûts économiques que cela implique, lesquels rejaillissent sur les consommateurs finaux ;
- les limites des réponses apportées par les différents instruments juridiques dans la lutte contre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée.
Il a ensuite fait plusieurs recommandations qui sont entre autres :
- la nécessité pour les États du Golfe de Guinée de travailler à l’éradication de ce qu’il convient d’appeler les causes profondes de ce crime de piraterie maritime ;
- la révision de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), en intégrant ce qu’il convient d’appeler le droit de poursuite inversé ;
- dans le Code de conduite de Yaoundé de juin 2013, procéder à l’harmonisation des éléments d’incrimination de la piraterie maritime et veiller à leur transposition effective dans les législations nationales des États ;
- le renforcement des peines et des mécanismes de poursuite, notamment par l’actualisation des législations nationales.
Cette cérémonie de lancement a connu la présence de plusieurs personnalités telles que le Contre-Amiral Fernand Maxime AHOYO, préfet maritime du Benin. C’est le premier responsable de la Préfecture maritime, organe de coordination de toutes les actions de l’État en mer. Parrain de l’événement, il a pris le soin de rappeler l’enjeu lié à la sécurité et la sûreté maritime à travers la lutte contre la piraterie maritime. Le préfet maritime a félicité l’auteur du livre pour sa contribution aux réflexions intellectuelle pour la lutte contre la piraterie en général et dans le Golfe de Guinée en particulier.
Par Fulgence Zinsou – Correspondant de Maritimafrica au Bénin