Le Modèle de gouvernance des ports Marocains peut-il servir d’exemple aux ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ?

La semaine qui s’achève du 14 au 18 mars, a été marquée par la visite d’une délégation du Groupe Tanger Med aux ports d’Abidjan et de San Pedro. Ces différentes rencontres professionnelles visent à renforcer les partenariats d’affaires entre la Côte d’Ivoire le Maroc.

Mais, je me pose la question de savoir si les pays de l’Afrique de l’ouest et du centre ne doivent pas s’inspirer davantage du modèle de gouvernance portuaire choisi par le Maroc. La place qu’occupe, aujourd’hui, Tanger Med dans la hiérarchie portuaire mondiale n’est-elle pas la conséquence de l’excellente réforme portuaire adoptée au Maroc ? (1er port Africain, 23è rang mondial au regard de sa capacité de trafic conteneurisé en EVP).

Les réponses à ces questions semblent positives. En effet, depuis les années 2000, les bailleurs de fonds ont préconisé une gouvernance libérale de la gestion des ports (Port Reform Toolkit). Le Maroc a opté pour le modèle dit du port propriétaire ou Landlord port qui s’inscrit dans un mouvement global de séparation claire des rôles entre le secteur public et le secteur privé. Cette nouvelle stratégie portuaire vise à contribuer à une plus grande attractivité pour l’investissement privé dans la modernisation des terminaux portuaires. Pour y parvenir, la réforme a procédé à la séparation de trois fonctions : fonctions régaliennes, d’autorité portuaire et commerciales.

Alors que les premières sont assurées par le Ministère de l’équipement et de la logistique, les secondes sont dévolues, d’une part, à la société TMSA (Tanger Med SA) pour le complexe portuaire de Tanger Med avec un Directoire et un Conseil de surveillance et, d’autre part, à l’Agence nationale portuaire qui gère 35 ports nationaux. Enfin, les troisièmes sont confiées à des entités privées ou publiques comme Marsa Maroc qui exploite des terminaux portuaires. C’est, cette nouvelle gouvernance portuaire qui a permis à Tanger Med d’attirer des partenaires privés et d’être un port efficient.

Aujourd’hui, ce modèle de gouvernance portuaire doit servir d’exemple à des pays Africains. La prégnance du pouvoir politique dans le choix du statut des ports et dans la nomination des dirigeants de ces sociétés ne semble pas être une source de sécurité juridique de nature à amplifier les investissements privés dans ces ports.

Il ne s’agit pas de préconiser un désengagement total des États Africains dans la gouvernance des ports car ces infrastructures de transports sont stratégiques pour le commerce extérieur de ces pays. Mais, il est urgent d’adopter un modèle de gouvernance avec une séparation claire des rôles du secteur public et du secteur privé afin d’assurer une transparence renforcée dans le choix des investisseurs privés et offrir des garanties juridiques solides dans l’exécution des missions confiées aux partenaires privés.

par Dr. Clement Seka ABA