SMART PORTS : LA GESTION PATRIMONIALE DES INFRASTRUCTURES PORTUAIRES À L’ÈRE DU DIGITAL

Le concept de Smart Ports met à notre disposition de nouveaux outils pour accompagner l’accroissement du trafic et des biens. Avec la numérisation et un meilleur partage des informations, le gain de performance est évident pour la chaîne logistique : gestion des marchandises et des entrepôts, disponibilité des équipements de manutention, suivi des navires etc.

Mais un port n’est pas qu’un gestionnaire de flux. Il a une matière : quais et plan d’eau. Et si nous avons des ambitions pour rendre nos ports plus intelligents, nous devons intégrer la gestion de ces infrastructures dans notre stratégie digitale. Autrement, le Smart Port n’est qu’un géant aux pieds d’argile.

« …nous devons intégrer la gestion des infrastructures dans notre stratégie digitale. Autrement, le Smart Port n’est qu’un géant aux pieds d’argile. »

C’est une politique audacieuse. Car elle se heurte à l’intuition selon laquelle le retour sur investissement se dilue dans le cycle long de la durée de vie d’un ouvrage, qui peut s’étendre sur des centaines d’années. Tout le monde comprend que l’optimisation de la chaîne logistique engendre des bénéfices économiques immédiats. Mais comment les quais et les bassins participent-ils activement à cette augmentation de productivité ? Par leur disponibilité.

Cette disponibilité est le résultat du travail des équipes techniques, ingénieurs, hydrographes et entreprises qui veillent, inspectent, réparent, draguent les ouvrages et les bassins à longueur d’année.

Cela fait beaucoup de monde concentré sur un même objectif ! Et chaque corps de métier, chaque entité, chaque activité collecte et produit de l’information avec des formats et sur des supports différents… L’ingénieur a les plans archivés en format papier. L’hydrographe a livré des relevés bathymétriques sur une clé USB à la Capitainerie, qui n’a pas le logiciel pour l’ouvrir. Des plongeurs ont réalisé l’inspection sous-marine d’un quai avant de remettre un rapport imprimé, tandis que photos et vidéos sont sur des supports différents.

« … parce que les décideurs ne peuvent pas être des experts dans tous les domaines, ils ont besoin que l’information soit accessible et facile à assimiler. »

L’intelligence d’un port doit aussi se mesurer à sa capacité à intégrer et faire collaborer tous les acteurs. Et si dans le domaine de la maintenance des actifs portuaires, les métiers et les habitudes sont quelque peu cloisonnés, il existe aujourd’hui des plateformes digitales qui sont conçues pour partager et valoriser l’information entre tous. Nous en avons besoin pour travailler plus efficacement. Pour réduire le coût de cette maintenance. Pour prolonger la durée de vie des ouvrages. Pour, finalement, adapter la gestion patrimoniale à l’ère du digital et l’inclure dans notre plan pour le port de demain.

Cette mission est vertueuse car elle permet de faire adhérer à un projet commun non seulement les différents services (collaboration horizontale), mais aussi les différents niveaux hiérarchiques (collaboration verticale). Parce qu’il faut une bonne information pour prendre de bonnes décisions. Et parce que les décideurs ne peuvent pas être des experts dans tous les domaines, ils ont besoin que l’information soit accessible et facile à assimiler.

« Nous avons autant d’appétit pour le progrès que d’ambition pour nos ports… mais sommes-nous prêts ? »

Depuis le cloud ou au moyen d’applications web sur un serveur local, qu’il s’agisse de data collaboratif, de jumeaux numériques en 3D ou de cartographie distribuée, les outils sont là !

Nous avons autant d’appétit pour le progrès que d’ambition pour nos ports… mais sommes-nous prêts ?

La mise en valeur de l’information commence par une information de qualité. Et sans doute, devons-nous rehausser nos standards. À l’ère de l’imagerie multifaisceaux, des capteurs LiDAR et de la photogrammétrie, peut-on encore se satisfaire d’inspections vidéos réalisées par des plongeurs avec un fil à plomb dans une eau trouble ? Alors que nous disposons de smartphones et de tablettes connectées, faut-il encore imprimer les levés bathymétriques pour diffuser la mise à jour des cartes de navigation pour les pilotes ?

Sans doute faudra t’il adapter le contenu au contenant.

Mais nous devons anticiper cette évolution, en prenant conscience que l’attractivité de nos ports exige un plan de performance global. Ce qui inclut nécessairement l’intégration des innovations technologiques dans la gestion de nos actifs.

Raphaël Pacot
Directeur Deparentis
www.deparentis.com

Pour en savoir plus sur la stratégie digitale et les web applications pour smart ports :

https://tinyurl.com/y7aw2jes