L’Afrique de l’Ouest doit-elle rester absente du transport maritime ?
Avec près de 170,7 millions de tonnes de pétrole par an, l’Afrique de l’Ouest est la 3ème région exportatrice de pétrole au monde, derrière le Golfe Persique et la Russie. Elle est également le premier exportateur mondial de matières premières agricoles, notamment de cacao, avec une production annuelle de 2,1 millions de tonnes, dont seulement 1/3 est transformé localement. Dans le même temps, la région importe la plupart de ses biens de consommation, tels que les céréales et les produits manufacturés. Le paradoxe est que la région est quasiment absente du transport de tous ces produits pondéreux qui transitent par la mer. Il convient de mettre fin à cette contradiction qui lui est préjudiciable.
Tout d’abord, d’un point de vue économique, le fret est inclus dans le prix des marchandises, ce qui représente un manque à gagner pour le pays exportateur qui ne participe pas au transport. De plus, le transport maritime est un outil de souveraineté nationale. Si le Danemark protège Maersk Line en tant que moteur économique, la France CMA CGM, l’Allemagne Hapag-Lloyd, la Chine COSCO et la Corée du Sud Hyundai Merchant Marine (HMM), pourquoi la Côte d’Ivoire et le Ghana, par exemple, ne pourraient-ils pas en faire autant ?
Certes, avant le milieu des années 90, nos pays disposaient de compagnies maritimes qui n’ont pas résisté à la disparition du système de répartition des cargaisons, à la concurrence internationale et à des problèmes de gestion, mais les leçons tirées de ce passé doivent être mises à profit pour investir à nouveau dans le secteur du transport maritime, dominé par les Etats-Unis, la Chine, les pays de l’Union européenne et le Japon.
par Barthélemy Blédé, Expert maritime indépendant, Afrique de l’Ouest et du Centre