Le concept de « Port vert » dans un contexte africain…

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D’après le Pr André VIGARIE « Le port est une aire de contact entre deux domaines, de la circulation terrestre et de la circulation maritime ; son rôle est donc d’assurer une solution de continuité entre deux schémas de transports adaptés à la traversée de deux espaces aux caractéristiques différentes ».

Le port peut également être défini comme « une plate-forme géographique regroupant une multitude d’acteur effectuant des activités liés aux navires, et aux marchandises débarqués ou embarqués à bord des navires ». Ces activités à savoir : la manutention (le chargement et le déchargement), le stockage ou l’entreposage, la réparation navale, l’avitaillement, etc. ; effectuées dans le port génèrent des effets négatifs sur l’environnement.

Ces effets négatifs générés par l’activité portuaire sur l’environnement font partie de l’impact environnemental des ports. L’impact environnemental des ports peut être divisé en trois catégories à savoir :
– les problèmes causés par l’activité portuaire elle-même ;
– les problèmes causés en mer par les navires faisant escale au port ; et
– les émissions des chaînes de transport intermodal desservant l’arrière-pays portuaire.

Parmi les problèmes engendrés par l’activité portuaire elle-même, nous pouvons cités : la pollution atmosphérique (la poussière issue du débarquement de produits pondéreux, ex : le soufre, les émissions de gaz d’échappement des navires, etc.), la pollution sonore (bruit des moteurs des navires, des opérations de manutention, etc.), la pollution olfactive (pollution par les odeurs : ex : port de pêche), la pollution de l’eau (déversement des eaux usées, l’eau de ballast), la production de déchets (déchets de produits de consommation courante (ex : emballage) et déchets dangereux) et l’élimination des déblais de dragage, les rejets dans les sédiments marins et les activités affectant le fond marin (telles que le dragage), les rejets accidentels pendant les opérations de chargement/déchargement), etc. La majeure partie de la pollution est générée dans le port par des activités d’exploitation et de manutention, mais aussi de production ou de transformation (produits halieutiques par exemple), ainsi que par des mouvements de moyens de transport de liquides et de gaz dangereux.

Parmi ceux causés par les navires en mer nous avons : la pollution de l’eau (ex : le déversement des déchets de navire en mer, le rejet des polluants et de résidus de cargaison en mer, les rejets dans les sédiments marins, le dégazage (rejets illicites de boues de fioul et d’huiles usées), les marées noires (pollutions accidentelles majeures lors du naufrage de navires de transports d’hydrocarbures), les fréquentes remise en suspension de sédiments (éventuellement pollués) par le chalutage), la pollution de l’air (par exemple : la combustion du fioul lourd utilisé par les navires en mer), etc.

En ce qui concerne, les émissions de chaînes de transport intermodal desservant l’arrière-pays portuaire nous avons : la pollution de l’air (ex : les émissions de gaz des pots d’échappements des camions transportant la marchandise ou l’émission de dioxyde de carbone par les trains), le bruit occasionné par ces moyens de transport en mouvement, etc. Cependant, les impacts environnementaux résultent également de la construction et du développement du port (occupation des terres et des mers).

Dans l’optique de lutter contre la pollution environnementale résultant de la construction et de l’exploitation des ports, le concept de « port vert » est apparu comme une solution fondamentale.

Un « port vert » encore appelé « port écologique » est « un port dans lequel l’ensemble des acteurs portuaires (manutentionnaire, capitaine, consignataire, docker, lamaneur, pilote, etc.) œuvrent pour un développement durable à travers la mise en application de pratiques respectueuses de l’environnement, tout en défendant chacun leur intérêts sociaux et économiques ». L’objectif fondamental d’un port écologique est de trouver un équilibre entre les impacts environnementaux, sociaux et les intérêts économiques.

Ce concept consiste à intégrer des méthodes respectueuses de l’environnement dans les activités, les opérations et dans la gestion des ports. Il vise un comportement responsable de la part de tous les acteurs travaillant ou intervenant dans un port. Le « port vert » vise également à utiliser efficacement ses ressources, à réduire l’impact négatif sur l’environnement, à relever le niveau de gestion de l’environnement et à améliorer la qualité de l’environnement naturel de la zone. Le concept de « port vert » inclut l’idée de protéger l’environnement dans tous ses travaux d’infrastructure, dans les politiques de développement durable qu’il suit, et dans toutes les activités et opérations menées dans la zone portuaire.

L’écologisation des ports, nouvelle référence dans la détermination de la modernisation des ports, adoptés par beaucoup de grands ports internationaux (Rotterdam, Anvers) tarde cependant à être intégrer dans nos ports africains. Ceci est dû aux facteurs géographiques, réglementaires (ex : manque de règlementations internes pro-écologiques, politique de traitement et récupération des déchets non efficace), économiques, financières, techniques et socioculturels. A cela, on y ajoute une multiplicité d’acteurs intervenant dans les ports rendant sa mise en application efficaces difficiles.

On note cependant que le port de Tanger Med s’est engagé dans une démarche persévérante en faveur du développement durable en adoptant une approche écologiquement responsable pour la préservation et la protection de l’environnement. Il est le premier port africain et le seul à obtenir le label « Ecoports¹ » délivré par l’ESPO (European Sea Ports Organisation) en 2016. D’autres ports africains initient cependant des actions louables comme le cas :
– du Port Autonome de Pointe Noire (PAPN) dans la mise en place d’une étude d’évaluation environnementale et sociale, d’une étude de faisabilité de la conception d’un système de gestion des déchets et d’un système de traitement des eaux usées financé par l’AFD (Agence Française de Développement) ;
– de la Kenya Ports Authority (KPA) avec l’acquisition de grues portuaires mobiles écoénergétiques, le développement d’une usine de gestion des déchets et l’installation de panneaux solaires.

Les autorités portuaires africains sont en mesure de mettre en place le concept de « port vert » dans nos pays. Ils doivent seulement être accompagné par les agences de financement, les organismes internationaux, et les organismes non gouvernementales pour pouvoir intégrer plus facilement le concept de « port vert » en Afrique.

1 Ecoports : (ECOPORT ou EcoPorts ) est un label accordé à des ports européens adhérant volontairement à de « bonnes pratiques » en matière de développement durable, dans le cadre d’un projet datant de 1999, soutenu par l’« EcoPorts Foundation » (EPF) qui est un réseau associant des acteurs volontaires qui sont « parties prenantes » de la gestion portuaire, et voulant partager leur expériences en matière d’environnement.