Sécurité portuaire : des experts du projet WeCAPS en appui des ports africains (1ère partie)
Au cours du mois de février 2020, étaient présents à Dakar, au Sénégal, des experts du projet WeCAPS venus évaluer les besoins des acteurs du Port Autonome de Dakar en matière de sûreté/sécurité.
Ces experts du projet WeCAPS, MM. Nico VERTONGEN, expert gouvernance portuaire, Jean Philippe PICQUART, expert suivi/évaluation et Samuel CHAMPON, expert protection civile, ont été interviewés par notre rédactrice en chef sur le rôle que joue le projet WeCAPS auprès des ports africains.
- Nico VERTONGEN, expert gouvernance portuaire
Q : Présentez-vous à nos lecteurs s’il vous plaît et dites-nous quel est votre rôle dans le projet WeCAPS ?
Bonjour. Je m’appelle Nico VERTONGEN, je suis l’expert gouvernance portuaire dans le projet WeCAPS. C’est le volet institutionnel du projet qui appuie les volets techniques que sont la sécurité portuaire, la protection civile et la sûreté portuaire. L’idée, en deux mots, c’est de prendre d’abord une photo de la situation actuelle au niveau de la gouvernance, c’est-à-dire quel est le cadre institutionnel en vigueur aujourd’hui dans le port avec tous les intervenants du secteur public, secteur privé, dans les domaines du projet WeCAPS et de proposer des renforcements, ou des améliorations aux intervenants. Le projet WeCAPS est un projet qui accompagne les ports par de l’assistance technique, du conseil, des formations et la possibilité pour le volet sécurité, d’un investissement dans du petit matériel de formation.
Le financement d’équipements lourds n’est pas prévu dans le projet WeCAPS actuel, mais pourrait être proposé dans une deuxième phase.
Nous avons pratiquement terminé la 1ère phase de réalisation d’état des lieux pour établir une feuille de route, voir comment améliorer la gestion, la sécurité et la sûreté dans les ports sélectionnés.
Q : Pourquoi était-il important pour l’Union européenne d’accompagner les États africains ?
Parce qu’il y a un intérêt commun, il y a un « Win-Win » à réaliser. La sûreté-sécurité ne s’arrêtent pas à la frontière d’un pays, d’un port. C’est un sujet d’actualité en ce moment. Prenons par exemple le cas de la sûreté portuaire, un navire qui fait la sous-région : Douala-Abidjan-Conakry-Dakar ; à partir de Dakar il remonte vers Europe. Si la sécurité et la sûreté portuaire ne sont pas assurées dans un port, alors le navire est en danger. L’Europe voit un intérêt à ce qu’on puisse augmenter le niveau de la sûreté et de la sécurité portuaire dans les ports en Afrique, parce que ce sont des ports partenaires d’un point de vue commercial, avec les ports européens. C’est aussi la raison pour laquelle, nous essayons de créer des liens, des partenariats, des jumelages avec des ports en Europe pour permettre d’arriver à un même niveau de sûreté et de sécurité des deux côtés, en Afrique et en Europe. Il y a un intérêt commun dans cet aspect-là, l’insécurité ici, est aussi l’insécurité de l’autre côté.
De même, parmi les opérateurs privés, tant au niveau des lignes maritimes que des opérateurs portuaires, il y a de grands clients et de grands opérateurs qui sont des opérateurs européens comme la CMA CGM, Maersk Lines, MSC, côtés navires (de la mer) et du côté des terminaux, il y a des opérateurs tels que : BOLLORE, APM Terminals. Il y a vraiment un intérêt économique entre les deux continents et qui concerne tout particulièrement le secteur portuaire.
Q : Vous travaillez sur le projet WeCAPS depuis son lancement ?
Oui. Le projet WeCAPS a été lancé l’année passée. La première année a été l’année où il fallait recruter l’équipe, les experts clés, et effectuer les premières visites pour faire une sélection des ports et des pays avec lesquels travailler. J’ai un passé au port d’Anvers, j’étais responsable pour les relations avec le continent africain pour le compte du port d’Anvers mais à partir du 1er janvier de cette année, je suis passé à temps plein sur le projet WeCAPS.
Q : Selon vous, quels sont les trois plus grands problèmes auxquels font face les ports actuellement dans le domaine de la sécurité ?
Je crois que c’est difficile de généraliser. Il faudrait voir port par port. Mais en général, il y a un problème lié à l’histoire de chaque port comme on le voit surtout à Dakar. Le port et le marché portuaire historiquement, sont très connectés à la ville. Donc la ville, s’est développée autour du port. Et en Afrique, il y a quand même plusieurs ports comme Abidjan, Dakar, Cotonou, Conakry, qui ont cette relation ville-port avec des aspects dans notre projet liés à la sûreté/la sécurité et qui ne sont pas négligeables. Parce qu’on parle quand même de danger, stockage des produits dangereux, risques d’explosion ou autres.
Autres problèmes liés aux ports en général, les connexions avec l’arrière-pays.
Q : Vous avez eu à travailler dans combien de ports en Afrique, dans le cadre du projet WeCAPS ?
Nous avons sélectionné plusieurs pays à savoir le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Congo-Brazzaville. Ce sont rajouté à cette sélection les ports de Douala (Cameroun) et éventuellement les ports du Nigeria.
À suivre