Le Cabotage Maritime Africain : Un Levier d’Indépendance Économique et de Développement pour l’Afrique

Cet article a été initialement publié en anglais sur le site de la World Maritime Academy : https://e-wma.com/our-blog/

INTRODUCTION

Le transport maritime constitue le principal mode d’acheminement des marchandises en provenance ou/et à destination d’un pays africain disposant d’une façade maritime. Ces marchandises quel qu’en soit leurs caractéristiques, leurs volumes, ou leurs tailles sont transportées par des navires appartenant à de grandes compagnies maritimes étrangères qui assurent la desserte des ports africains.

Cette dépendance envers des compagnies maritimes étrangères détentrices du moyen et de la capacité de transport, pour le transport intra-africain soulève des préoccupations notamment : l’autonomie et la souveraineté économique des pays africains, la connectivité régionale, les coûts de transport élevés, la durée de transport longue, etc.

Afin de remédier à ces problèmes, il est impératif, qu’on mettre en place un système de Cabotage Maritime Africain (CMA).

Aux origines de la navigation, le cabotage est le moyen le plus sécurisant pour les marins de l’Antiquité d’aller de port en port sans perdre de vue la côte (https://leshorizons.net/cabotage/).

Le cabotage maritime également désigné sous les termes « Transport Maritime à Courte Distance (TMCD) » ou « Short Sea Shipping (SSS) », s’exerce le long des côtes d’un continent ou entre des îles.

Selon la Commission Européenne « Par transport maritime à courte distance, on entend l’acheminement de marchandises et de passagers par mer entre des ports situés en Europe géographique ou entre ceux-ci et d’autres ports situés dans des pays non européens ayant une façade sur une mer fermée limitrophe de l’Europe. Le transport maritime à courte distance recouvre à la fois les activités de transport maritime nationales et internationales, le long des côtes et au départ et à destination des îles, des fleuves et des lacs. Il comprend également les services de transport maritime entre les États membres de l’Union et la Norvège, l’Islande et les États riverains de la mer Baltique, de la mer Noire et de la mer Méditerranée. » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Transport_maritime_%C3%A0_courte_distance)

Pourtant, en Afrique, le concept demeure inexistant. Dans cet article, l’auteur tente d’esquisser une définition du Cabotage Maritime Africain (CMA) en tant que « l’acheminement des marchandises et des passagers par mer entre des ports situés dans un même pays africain, au sein d’une sous-régions africaine, d’une région africaine ou du continent africain, sans oublié les îles africaines ».

Même si ce système de Cabotage Maritime Africain (CMA) n’existe pas encore, il revêt une importance cruciale pour le commerce intra-africain et la croissance économique de l’Afrique.

La part de l’Afrique dans le commerce international est en moyenne de 3%, pendant que la moyenne des échanges commerciaux interafricains est autour de 10% du commerce total africain. (Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans – horizon 2050 (Stratégie AIM 2050®) – UA, Version 1.0, 2012. – consulté le 29 octobre 2023)

La mise en place d’un Cabotage Maritime Africain (CMA) présenterait de nombreux avantages pour le continent notamment : la création d’emplois, le développement de notre économie maritime, l’indépendance économique, des sources supplémentaires de recettes pour les états, des coûts de transport attractifs (bas) pour les chargeurs, etc.

CRÉATION D’EMPLOIS

La mise en place d’un Cabotage Maritime Africain (CMA) créerait un grand nombre d’emplois, tant dans le secteur du transport maritime que dans les activités connexes, telles que la construction et la réparation navale, l’assurance et le courtage, etc. Les emplois ainsi créés contribueraient à réduire le chômage et à renforcer la main-d’œuvre qualifiée en Afrique.

DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE MARITIME

La mise en place d’un Cabotage Maritime Africain (CMA) favoriserait la construction et le développement de chantier naval africain, quasi inexistant, et de flotte navale africaine.

Les navires africains représentent près de 1,2% du transport maritime mondial en nombre et 0,9% en tonnage brut. (Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans – horizon 2050 (Stratégie AIM 2050®) – UA, Version 1.0, 2012. – consulté le 29 octobre 2023)

Les chantiers navals et les navires ne sont pas les seules activités connexes au TMCD qui favoriserait le développement de notre économie maritime. Leur contribution au chiffre d’affaires des secteurs de l’assurance, du courtage, du transit, par exemple favorisera également le développement de notre économie maritime.

INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE

En réduisant la dépendance à l’égard des compagnies maritimes étrangères, le CMA renforcerait l’indépendance économique des pays africains, leur permettant de prendre des décisions autonomes en matière de commerce et de transport.

SOURCES SUPPLÉMENTAIRES DE RECETTES POUR LES ÉTATS

Le Cabotage Maritime Africain générerait des revenus supplémentaires pour les gouvernements. Les taxes, les droits de douane, les droits de port, les redevances pour les services portuaires et maritimes, ainsi que d’autres sources de revenus contribueraient aux finances publiques, renforçant ainsi la capacité des États à investir dans des projets de développement.

COÛTS DE TRANSPORT ATTRACTIFS (BAS)

Le Cabotage Maritime Africain (CMA) permettrait de réduire les coûts de transport pour les chargeurs, rendant ainsi le commerce plus abordable et compétitif. Cela encouragerait les échanges commerciaux et la croissance économique.

RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT

Le cabotage maritime est considéré comme étant respectueux de l’environnement, car il permettrait de réduire la pression sur les infrastructures terrestres et d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre. De plus, la mise en place du CMA pourrait favoriser la construction et le développement de flottes africaines avec des navires écologiques, utilisant des technologies de propulsion respectueuses de l’environnement, telles que la propulsion vélique ou électrique.

Le système de Cabotage Maritime Africain (CMA) faciliterait également la connectivité entre les nations africaines, stimulerait le développement économique et consoliderait les relations commerciales dans l’ensemble du continent.

 

CONCLUSION

En conclusion, le Cabotage Maritime Africain représente une opportunité significative pour l’Afrique. En favorisant la création d’emplois, le développement de l’économie maritime, l’indépendance économique, les recettes pour les États, des coûts de transport compétitifs, et le respect de l’environnement, ce système est cruciale pour le développement du continent. Le CMA faciliterait également la connectivité entre les nations africaines, stimulerait le développement économique, et consoliderait les relations commerciales à travers tout le continent. La mise en place d’un tel système est impératif pour l’avenir de l’Afrique et la réalisation de son plein potentiel économique.

Par Pascaline Odoubourou, Spécialiste en Management Portuaire et Maritime