Les grandes routes maritimes : pourquoi le détroit de Bab El-Mandeb suscite autant d’intérêt de la part des Occidentaux ?

Photo : WorldWind software

C’est avec stupéfaction que la communauté internationale apprend dans la journée du 12 janvier que Washington et Londres ont commencé à mener des frappes contre des cibles liées aux rebelles Houthis du Yémen. Au total, 73 frappes ont été enregistrées dans cette opération faisant 5 morts et 6 blessés.

Pourquoi une telle décision ?

Pour un petit rappel, la liberté de navigation est un droit fondamental qui permet aux Etats, Côtiers ou sans littoral, d’accéder à la mer et de l’utiliser pour diverses activités. Ce droit est régi par des règles de droit international et droit interne, qui définissent le régime juridique de la mer. La liberté de navigation est codifiée et accepté comme droit international par la convention des nations sur le droit de mer. Mais cette liberté de navigation est menacée depuis que le groupe Houthis du Yémen a commencé à lancer des attaques contre des voies de navigation commerciale en mer rouge. Ils disent cibler les navires commerciaux qu’ils soupçonnent d’être liés à l’Israël, affirmant agir en solidarité avec la bande gaza, théâtre d’une guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Une situation qui perturbe gravement le commerce maritime international, car 12℅ du commerce mondial transit par cette zone qui donne accès sur l’Europe et la côte ouest de l’Afrique.

Le détroit de Bab El-Mandeb est situé sur la péninsule arabique, il relie la mer Rouge au golfe d’Aden ; d’une largeur de 28 km à son point le plus étroit, ce détroit est la voie maritime obligatoire pour tous les navires qui traversent le golfe d’Aden pour l’Europe. Tout obstacle à la navigation dans ce détroit aurait des répercussions sur le commerce mondial en particulier sur les approvisionnements en pétrole et en gaz, mais également sur l’exportations des produits manufacturés chinois et d’autres régions de l’Asie.

Il faut donc comprendre que la menace du blocage de Bab El-Mandeb est une menace à prendre très au sérieux, car cette voie maritime est très fréquentée et ses enjeux économiques revêtent d’une importance capitale. Pour l’heure, les géants du transport maritime parmi lesquels, MSC, CMA-CGM, MAERSK, Hapag-Lloyd ont décidé de ne plus emprunter ce passage ce qui n’est pas sans conséquence en termes de perte de temps, de carburant et d’assurance.

Cette hausse de tarif aurait de répercussion sur le coût du fret, car elle implique le contournement de l’Afrique. Les amateurs vont donc intégrer ces coûts supplémentaires dans leur taux de fret et c’est le dernier consommateur qui en payera les frais. La situation nous rappelle l’épisode du navire Evergreen dont l’échouement dans le canal de suez pendant 6 jours a entrainé une perte estimée à 9,6 milliard de dollars à l’économie mondiale.

Le détroit de Bab El-Mandeb est bien plus qu’une simple étendue d’eau, il est un maillon fort dans les routes maritime mondiales.

Par Fulgence Zinsou, Correspondant de Maritimafrica au Bénin