Maritimafrica Vox Pop : « Qu’est-ce qui pourrait freiner selon vous la digitalisation des ports africains ? »

Notre nouvelle rubrique « Maritimafrica Vox Pop » a démarré récemment avec une question que voici : « Qu’est-ce qui pourrait freiner selon vous la digitalisation des ports africains ? » Plusieurs abonnés ont bien voulu y répondre. Voici leurs contributions :

La digitalisation des ports traduit l’idée d’un changement de processus, de façon de faire par l’insertion des technologies numériques destinées à rendre les prestations portuaires plus rapides, et par la même occasion optimiser les performances. De mon point de vue, la digitalisation des ports africains peut rencontrer deux grandes difficultés : le manque de formation et l’accès à une bonne connexion internet.

Premièrement, loin de vouloir remettre en cause les compétences des agents portuaires, le constat est que dans bon nombre de port africain les procédures sont encore sur papier, il faudrait d’abord penser à dématérialiser ces procédures en créant un logiciel ou une base de donnée susceptible de conserver ou échanger un maximum d’informations, ensuite mener des campagnes de formation des agents ainsi que des usagers dans le but de les familiariser avec l’utilisation des logiciels ou application dédiés à l’activité portuaire. Deuxièmement il faudrait simplement que tous les ports soient dotés d’une excellente connexion Internet afin de permettre l’échange d’informations en temps réel. Edorick OTSAGA

« La pénurie d’un personnel avec des compétences numériques ». Ahmed Mahachi

Selon moi la digitalisation des ports africains pourrait être freinée par le manque de moyens de certains états mais aussi par un manque de formation adéquate pour pouvoir aller dans ce sens. Il faut aussi noter que dans la plupart des ports africains, les vieux ne laissent pas la place aux jeunes, qui maîtrisent le mieux le digital. Et en dernier lieu, une politique sérieuse de digitalisation des ports n’existe pas, il y a un manque de politique de développement des ports, on n’essaie pas de se moderniser mais on se suffit de gérer le strict nécessaire. Voici selon moi ce qui pourrait freiner la digitalisation des ports en Afrique. Résumé :

  • manque de moyens
  • manque de formations adéquates
  • le personnel vieillissant des ports qui ne maîtrisent pas le digital, ce qui montre aussi en revanche le non-recrutement des jeunes diplômés,
  • une politique de modernisation des ports.

Médoune GAYE

L’obstacle majeur à la digitalisation des ports Africains sont les acteurs portuaires eux-mêmes, surtout ceux qui opèrent dans le secteur informel. Malheureusement, le secteur portuaire Africain dans plusieurs régions est encore très informel d’où nous assistons le plus souvent à la naissance des transitaires chaque jour, qui sont en réalité des déclarants en douane. La digitalisation qui permettra une traçabilité des opérations liées aux marchandises en import comme en export n’arrangerait pas les transitaires qui en complicité avec les douaniers effectuent des fraudes dans la déclaration des marchandises pour leur compte personnel. La digitalisation ayant pour objectif la dématérialisation des procédures administratives liées à la sortie des marchandises en import ou à leur entrée en export, pourrait supprimer plusieurs emplois indirects. C’est le cas des transitaires du secteur informel qui se baladent de bureau en bureau pour la réception des BAD en espérant avoir une rémunération journalière ou hebdomadaire.

La digitalisation des ports Africains c’est également la mise en place des plateformes collaboratives entre les acteurs portuaires avec pour objectif de permettre une recherche optimisée et rapide de véhicules pour le transport des marchandises. La mise en place de ces plateformes va certainement supprimer beaucoup d’emplois toujours dans le secteur informel puisque la recherche de camions pour la majorité des sociétés du secteur se fait actuellement à travers les « coxeurs » qui sont les intermédiaires entre les propriétaires de fret et les transporteurs, acteur principal de la non-conformité et de la hausse des prix de transport.    
Aujourd’hui, les terminaux portuaires de plus en plus automatisés sont dans une dynamique de digitalisation ce qui impacte négativement l’emploi dans le secteur de la manutention portuaire.   
La multitude des employés opérant sur les terminaux portuaires va drastiquement diminuer si les terminaux portuaires africains venaient à être automatisés.  
AKPALI Kouassi Kévin