Débloquer des opportunités pour les transports maritimes écologiques en Afrique

L’abondance de l’énergie solaire, éolienne et thermique sur le continent africain peut placer l’Afrique au cœur de la décarbonation mondiale des transports maritimes, a-t-on appris lors de la Conférence de l’OMI sur les transports maritimes à faible émission de carbone en Afrique (5 mai).

Lors de la Conférence, qui s’est tenue à Mombasa (Kenya), et qui a été organisée conjointement avec l’Autorité maritime kényane, M. Xiaojie Zhang, Directeur de la Division de la coopération technique de l’OMI, a rappelé aux délégués que 2023 était une année cruciale pour la décarbonation du secteur maritime, les États Membres devant adopter la Stratégie 2023 de l’OMI concernant les GES lors de la 80ème session du Comité de la protection du milieu marin (MEPC) de l’OMI, qui se tiendra à Londres au cours de la première semaine du mois de juillet.

M. Zhang a appelé les nations africaines à « faire entendre leur voix et à libérer le grand potentiel que l’élimination progressive des émissions de gaz à effet de serre des transports maritimes internationaux peut générer en Afrique ». « Lorsque l’OMI adoptera en juillet une Stratégie révisée concernant les GES, avec une date claire d’élimination progressive des émissions de GES provenant des transports maritimes internationaux, le secteur maritime mondial recherchera activement des fournisseurs de combustibles alternatifs pour les transports maritimes, et les ports africains pourraient devenir de futurs centres d’activités liées aux énergies pour les combustibles des transports maritimes à faibles émissions de carbone », a déclaré M. Zhang.

Il a souligné l’importance des revenus du carbone qui pourraient être générés par une mesure économique de l’OMI – comme une taxe sur le combustible – pour financer les infrastructures portuaires, les capacités de modernisation ou les installations de soutage dans toute l’Afrique.

Ce thème a été repris par Mme l’Ambassadrice Nancy Karigithu, Envoyée spéciale pour l’économie bleue au Kenya, qui a souligné l’éventail des mécanismes de financement, tels que les partenariats public-privé, les fonds climatiques et les obligations vertes, pour soutenir la transition vers des transports maritimes à faibles émissions de carbone. Elle a également insisté sur la nécessité de prendre en compte les dimensions socio-économiques du défi dans le cadre de la transition vers des transports maritimes à faibles émissions de carbone en Afrique. « La transition doit être inclusive et équitable », a-t-elle déclaré.

M. Kwaku Ofori Asiamah, Ministre des transports du Ghana, s’est fait l’écho de l’appel à la participation de l’Afrique aux réunions de l’OMI, « pour s’assurer que nos besoins et nos préoccupations soient pris en compte et pour indiquer notre soutien ou non aux réglementations maritimes mondiales ».

« L’Afrique est la clé de l’accélération de l’action mondiale en faveur du climat dans le cadre du programme de décarbonation. Avec sa main-d’œuvre jeune et croissante, ses vastes territoires et ses diverses ressources naturelles, le continent a le potentiel d’apporter une contribution importante à la lutte contre les changements climatiques. Ces ressources pourraient jouer un rôle crucial dans les efforts déployés au niveau mondial pour atténuer les effets du changement climatique, tout en créant de nouvelles opportunités économiques », a déclaré M. Ofori Asiamah.

La Conférence de l’OMI sur les transports maritimes à faible émission de carbone en Afrique a abordé le thème suivant : « Overcoming challenges by unlocking opportunities and investments » (Relever les défis en libérant les opportunités et les investissements). Elle comprenait des tables rondes sur les thèmes suivants (en anglais) :

  • Setting the scene: Global climate action and IMO’s efforts to reduce GHG emissions from shipping (Plantons le décor : l’action climatique mondiale et les efforts de l’OMI pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports maritimes)
  • Shipping as enabler of climate action and energy transition (Les transports maritimes, catalyseur de l’action climatique et de la transition énergétique)
  • IMO’s future framework and partnerships enabling the global take up of low- and zero carbon future fuels (Le futur cadre de l’OMI et les partenariats permettant l’adoption au niveau mondial des futurs combustibles à faible teneur en carbone ou à teneur nulle en carbone)
  • National coordinated action enabling maritime decarbonization (Action nationale coordonnée permettant la décarbonation du secteur maritime)
  • Unlocking green maritime jobs in Africa (Créer des emplois maritimes verts en Afrique)

Un thème commun à toutes les tables rondes était les possibilités offertes à l’Afrique en tant que continent, en termes de production de futurs combustibles à faible teneur en carbone ou à teneur nulle en carbone. Les défis ont été soulignés, ainsi que la nécessité d’un transfert de technologies et d’un financement – et d’une transition juste et équitable.  Les projets déjà en cours et prévus ont été décrits, y compris ceux qui sont facilités par le Département des partenariats et projets de l’OMI, notamment grâce au Centre de coopération de technologie maritime pour l’Afrique (MTCC-Afrique), tels que le projet IMO-NORAD TEST Biofouling et le projet de Réseau mondial des MTCC (GMN) financé par l’Union européenne, phase II. Les représentants de l’Angola, de la République-Unie de Tanzanie, de l’Afrique du Sud et du Kenya ont présenté les travaux qu’ils mènent actuellement pour rendre leurs ports plus écologiques.

De nombreux délégués qui se sont exprimés ont souligné la nécessité pour l’OMI de donner une orientation claire par le biais de sa stratégie climatique révisée. Dans ses remarques finales, M. Roel Hoenders, Chef de la section chargée de la pollution de l’atmosphère et du rendement énergétique de l’OMI, a convenu que « la fixation d’un objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre lors du MEPC 80 enverra un signal fort au marché et aux investisseurs, à savoir que le secteur maritime est prêt à se décarboner, ce qui apportera de nouveaux investissements et de nouveaux emplois à l’Afrique ».

Lors de la clôture de la Conférence, M. Shadrack Mwadime, Secrétaire principal, Département d’État pour le transport maritime du Kenya, a déclaré que les discussions qui ont eu lieu au cours de la Conférence « aideront les pays africains à mieux se préparer pour la prochaine réunion du Comité de la protection du milieu marin en juillet et à adopter une approche commune sur la manière dont nous voulons que la communauté internationale réduise les émissions de gaz à effet de serre ».

La Conférence a été organisée par l’OMI, dans le cadre du Programme intégré de coopération technique de l’OMI (PICT), en collaboration avec l’Autorité maritime kényane. Les participants venaient de 49 pays africains. La Conférence s’est tenue à la suite de la 6ème Conférence et Assemblée générale de l’Association des Administrations maritimes africaines (AAMA) (3-4 mai) (Pour en savoir plus, cliquez ici).

Regardez la vidéo de l’ensemble de la conférence ici.

Télécharger ici les exposés.

En février, le Ghana avait accueilli la première conférence sur les transports maritimes écologiques (pour en savoir plus, cliquez ici).

La Conférence régionale sur le thème « Seizing opportunities for green shipping in Asia and the Pacific » (Saisir les opportunités pour des transports maritimes écologiques en Asie et dans le Pacifique), organisée par l’Autorité du secteur maritime des Philippines (MARINA) et soutenue par le PICT de l’OMI, se tiendra à Manille (Philippines), les 16 et 17 mai. Plus d’informations ici.

L’OMI soutient les pays en développement dans la production d’énergie renouvelable qui pourrait être mise à la disposition des transports maritimes internationaux, par le biais du PICT, de projets, et du Fonds d’affectation spéciale CT-GES de l’OMI. L’OMI a déjà organisé des manifestations sur les possibilités d’assurer une transition « juste et équitable » des transports maritimes internationaux, comme cela a été présenté lors du deuxième colloque de l’OMI sur les combustibles de substitution, qui a eu lieu le 21 octobre 2022 (voir : Colloque de l’OMI sur les combustibles de substitution à faible teneur en carbone et à émission nulle en carbone pour les transports maritimes), ainsi que lors de la COP 27 à Sharm-el-Sheikh.

Le thème maritime mondial pour 2023 est « 50 ans après MARPOL, notre engagement continue ».

 

Source : OMI