Le Congo-Brazzaville finalise sa Stratégie Nationale pour la Mer et les Eaux Continentales. Une étape majeure franchie dans la protection et la valorisation de ses ressources aquatiques
Un atelier national, s’est tenu à cet effet du 2 au 6 juin 2025 à Brazzaville pour enrichir, commenter et finaliser le document de la Stratégie. Les experts nationaux et internationaux, les représentants de plusieurs ministères du gouvernement congolais y ont pendant cinq jours de débauche d’énergie, travaillé de manière collaborative en groupes thématiques à savoir: pêche, environnement, infrastructures portuaires et maîtrise des espaces maritimes.
Organisé grâce au soutien technique du projet EnMAR, financé par l’Union européenne et mise en œuvre par Expertise France, cet atelier a principalement visé la finalisation de la stratégie nationale pour la mer et les eaux continentales. Pour la gouverne, le projet EnMAR accompagne depuis 2023 la République du Congo dans l’élaboration de sa stratégie maritime et fluviale, en étroite collaboration avec les ministères et les agences concernés. Cette collaboration s’est traduite à l’entame par l’identification des institutions et des actes clés impliqués, le recrutement d’experts nationaux et internationaux ,suivi d’un travail de cadrage et de compréhension des enjeux.
Soulignant l’importance que revêt ce document stratégique, qui affirme la volonté de l’État congolais d’assurer une gestion durable et souveraine de son domaine maritime et fluvial, Gilles Chehab, expert en renforcement des capacités maritimes du projet EnMAR a déclaré que : « La stratégie, c’est le début du travail. Chaque ministère, chaque administration, chaque agence doit s’en saisir pour établir un plan d’actions, tout en dépassant les cloisonnements institutionnels. »
Charles Richard Mondjo, Ministre congolais de la Défense Nationale a salué la mobilisation des participants et rappelé l’importance de cette stratégie, pour l’avenir du pays, avant de déclaré : « Je tiens à souligner la forte implication de tous les acteurs, au-delà des experts internationaux, dans la formulation de cette stratégie pour la mer et les eaux nationales. Une avancée significative qui au-delà de la finalisation du document, mobilisera les énergies futures autour de cette stratégie essentielle pour notre pays. »
La finalisation et la mise en œuvre de cette stratégie ne sont pas des actes fortuits; car la République du Congo possède un remarquable potentiel aquatique, grâce à sa zone économique exclusive et à son vaste réseau hydrographique dominé par les bassins du fleuve Congo et du Kouilou-Niari. Frontière naturelle avec la République Démocratique du Congo, le fleuve Congo, long de 4500 km est le deuxième fleuve au monde par son débit et son bassin. Considéré comme le plus grand puits de carbone de la planète, il joue un rôle essentiel dans la régulation du climat. La préservation de cet écosystème est donc essentielle, non seulement pour la lutte contre les changements climatiques, mais aussi pour la sécurité en eau douce, le développement de la pêche, de l’irrigation et de l’aquaculture, ainsi que pour la biodiversité écologique régionale.
L’ambition qu’affiche le Congo-Brazzaville, à travers sa stratégie nationale est donc de faire de son domaine bleu un pilier de croissance économique durable, de résilience environnementale, de sécurité nationale et d’intégration régionale. Sa mise en œuvre apportera en effet de la cohérence à l’action de l’État en mer et dans les eaux continentales, tout en conférant une légitimité aux plans d’action identifiés.
Cette Stratégie Nationale ambitieuse pour la Mer et les Eaux Continentales ainsi finalisée, repose sur cinq axes structurants qui consistent à :
- Renforcer l’Action de l’État en mer et dans les eaux continentales par une coordination interministérielle pilotée par le Premier Ministre via le Secrétariat Permanent de l’Action de l’État en Mer et dans les Eaux Continentales ;
- Sécuriser les espaces aquatiques, en luttant contre la piraterie, la pêche illicite, les trafics et les menaces terroristes ;
- Dynamiser l’économie bleue, par une pêche durable, le développement de l’aquaculture, des infrastructures portuaires modernisées et compétitives ;
- Préserver les écosystèmes aquatiques et anticiper les risques climatiques, grâce à une gouvernance environnementale renforcée ;
- Favoriser l’intégration régionale, notamment dans le cadre de l’architecture de Yaoundé, par une coopération transfrontalière accrue.
En somme, la République du Congo venait au terme de cet atelier national de poser les fondations d’une stratégie nationale tournée vers l’avenir, la sécurité , la durabilité et la prospérité.
Par Antoine Dustell Mbama, Correspondant de Maritimafrica en République du Congo