Le mentorat et la formation sont essentiels à la réussite des femmes dans le secteur maritime
Des voix de premier plan du secteur des transports maritimes ont souligné l’importance du mentorat et des possibilités de formation pour renforcer le profil des femmes dans un secteur maritime dominé par les hommes.
Lors d’un colloque (17 mai) organisé par l’OMI à Londres pour célébrer la Journée internationale des femmes du secteur maritime, un groupe d’experts a débattu de la manière d’intégrer le point de vue des femmes au cœur de la sécurité maritime de demain.
Lors de l’ouverture du colloque, le Secrétaire général de l’OMI, M. Arsenio Dominguez, a déclaré : « Nous devons faire plus [pour soutenir l’égalité femmes-hommes] et nous le ferons. En investissant dans l’éducation et le développement professionnel des femmes, nous leur donnons les moyens d’agir, nous stimulons l’innovation et nous favorisons la durabilité au sein du secteur maritime, au bénéfice de tous. »
Briser les barrières
Les panélistes ont mis en évidence les défis existants en matière de sécurité et d’avancement professionnel des femmes dans le secteur. Par exemple, les femmes marins sont confrontées à des obstacles fondamentaux tels que le manque d’équipements de sécurité à leur taille, le manque de produits sanitaires féminins à bord des navires et l’absence d’options adéquates si elles souhaitent fonder une famille. Le risque d’actes d’intimidation et de harcèlement ainsi que l’inégalité d’accès à la formation en cours d’emploi sont également des défis à relever.
Les discussions ont porté sur les moyens de recruter et de retenir les femmes sur le marché du travail, y compris le mentorat, l’accès à la formation, l’amélioration de la culture de la sécurité dans le secteur maritime et la sensibilisation à une vie en mer qui tienne compte des différences entre les hommes et les femmes.
« Chacun d’entre nous est responsable de la sécurité à bord des navires, à la fois en tant qu’individu et en tant qu’organisation. Si les entreprises ne s’adaptent pas, elles ne seront pas en mesure de retenir les bons talents, en particulier ceux des jeunes générations », a déclaré Mme Dorothea Ioannou, Présidente-Directrice générale, SCB, Inc, Managers of the American P&I Club.
« Ceux d’entre nous qui sont dans le secteur depuis plus longtemps devraient jouer le rôle de mentor. Il s’agit d’ouvrir la voie à la nouvelle génération, de lui donner de petits conseils et de l’orienter », a ajouté Karin Orsel, Présidente, Association des armateurs de la Communauté européenne.
Mme Carolina Riesco, Associée, Goldenberg & Riesco / Conseillère en droit maritime, a fait part de son expérience en tant que membre du réseau MAMLa pour les femmes dans l’administration maritime en Amérique latine. Le réseau facilite l’accès des femmes à des cours de formation pour leur développement éducatif, ce qui contribue à améliorer leur profil dans la profession.
« Le mot clé est l’éducation… La mise en place de réseaux est également cruciale », a-t-elle souligné.
MAMLa est l’une des huit associations des femmes du secteur maritime (WIMA), que l’OMI a aider à créer en Afrique, en Amérique latine, en Asie, dans les Caraïbes, dans les États arabes et dans la région du Pacifique. Elles réunissent près de 152 pays et territoires dépendants et 490 membres. Ces réseaux offrent aux membres un cadre leur permettant d’échanger sur de nombreux sujets, qui concernent non seulement l’égalité des sexes, mais aussi des questions techniques. Ces associations pourraient contribuer à combler les manques en réduisant certaines des obstacles institutionnels et des stigmates culturels auxquels auxquels se heurtent habituellement les femmes qui s’engagent dans une carrière maritime.
Le panel comprenait Mme Dorothea Ioannou, Présidente-Directrice générale, SCB, Inc., Managers of the American P&I Club ; Mme Karin Orsel, Présidente, Association des armateurs de la Communauté européenne ; Mme Gemma Capone, Pilote maritime et arrimeuse / Spécialiste en assurance maritime Mme Carolina Riesco, Associée, Goldenberg & Riesco / Conseillère en droit maritime ; et M. Helio Vicente, Directeur, Affaires relatives à l’emploi, Chambre internationale de la marine marchande. Les débats ont été animés par Mme Michelle Sanders, Représentante permanente suppléante du Canada auprès de l’OMI et membre du réseau IMOGENder.
À l’issue de la discussion, Mme Jaquelyn Burton, Capitaine au long cours et Directrice de Creative Design, Kongsberg Maritime, et Mme Momoko Kitada, Cheffe, Enseignement et formation maritimes, Université maritime mondiale, ont engagé un dialogue sur une « approche holistique » de la sécurité en mer.
Enquête sur les femmes du secteur maritime
Dans le cadre du programme, Mme Elpi Petraki, Présidente de la Women’s International Shipping and Trading Association (WISTA International), a informé les États Membres de l’OMI de l’évolution de l‘enquête 2024 sur les femmes du secteur maritime.
La première édition de l’enquête, publiée en 2022, a révélé que les femmes ne représentaient que 29 % des effectifs totaux du secteur dans sa globalité, et 20 % des effectifs des autorités maritimes nationales dans les États Membres. En mer, les femmes marins ne représentent que 2 % de la main-d’œuvre des équipages et sont surtout présentes dans le secteur des croisières.
Mme Petraki a déclaré : « Les résultats de l’enquête précédente constituent un point de référence qui nous permet de suivre les progrès réalisés au cours des trois dernières années. Les résultats [de l’enquête 2024] nous aideront à identifier les stratégies les plus efficaces, les domaines sur lesquels nous devons concentrer nos efforts et ceux où nos politiques sont le plus nécessaires ».
L’OMI et la WISTA invitent les États Membres à nommer des points focaux pour soutenir la réalisation de l’enquête de 2024.
Source : OMI