Le Routier, entre périple et instructions nautiques

La Grande ordonnance de la marine de 1681, dite ordonnance de Colbert, mentionne que le : « Routier en termes de Mer est un Livre qui par le moyen de ses Cartes Marines donne des instructions pour la route des Vaisseaux, & dans lequel on trouve la description des Côtes, & on y voit les aspects, les vues ou profils des terres, & on y connait la nature des divers parages« .

C’est un document manuscrit utilisé par les marins et qui renferme tous les renseignements généraux, nautiques et réglementaires qui peuvent être utiles aux navigateurs et qui complètent les informations portées sur les cartes marines, en précisant les particularités de la navigation et les pratiques locales dans la région couverte.

Périple du Pseudo-Scylax, Fac-similé du manuscrit.

Dans l’antiquité phénicienne, grecque et romaine, le « routier » était dénommé « périple ». Les premiers périples de l’antiquité classique n’étaient pas nécessairement écrits comme des manuels de navigation pratiques. C’étaient des textes décrivant des navigations en vue de côte. Certains s’apparentaient plus à des récits de voyages d’aventure, pour célébrer un voyage célèbre. D’autres étaient déguisés en tant que tels, notamment le Périple de Pseudo-Scylax du 4ème siècle avant notre ère, qui décrivait les ports et les points de repère le long de la côte nord-africaine à l’ouest du delta du Nil. D’autres encore ont été conçus comme des guides commerciaux pour les marchands, comme le Périple de la mer Érythrée, écrit par un Alexandrin romanisé au 1er siècle avant notre ère. Il décrit l’itinéraire en mer Rouge (ici appelée « mer Érythréenne », de même signification) puis décrit la côte de l’Inde jusqu’à l’embouchure du Gange et la côte orientale de l’Afrique (appelée Azania).

L’appellation « routier » apparu dès le xve siècle jusqu’au milieu du xixe siècle (ou 19e siècle). Pierre Garcie dit Ferrande rédige à la fin du xve siècle (écrit avant 1483 et imprimé en 1520) le premier routier connu sous le titre de « Le Grand Routier de la mer ».

Le Grand routier de Pierre Garcie, 1520

De la moitié du 19e siècle à aujourd’hui, les routiers sont appelés « instructions nautiques » et sont devenus des documents officiels, obligatoires à bord des navires de commerce et de pêche ; et publiés par les services hydrographiques (ex : SHOM). Les premières instructions nautiques paraissent en 1842.

IN C4 – Afrique (côte Ouest) – De Râs Spartel à Cape Palmas – Îles du large